IMMERSION SONORE

Léonore Mercier et Amélie Nilles

Site internet du LMA-CNRS de Marseille

Ecrit par Patrick Sanchez

Depuis mi-juillet, une préfiguration du studio immersif imaginé pour la plateforme MAS du LMA résonne dans les murs du laboratoire.

Équipé de 16 enceintes dédiées à la spatialisation sonore, ce dispositif d’essai a permis d’accueillir pour une première résidence courte les compositrices Léonore Mercier et Amélie Nilles, membres du collectif OTRA, coorganisateur avec le LMA et Tripinlab de l’aménagement du studio.

De retour d’un tournage en Galice pour un projet de film de Léonore Mercier autour des chevaux sauvages, celles-ci ont inauguré le studio avec des séances d’écoute de prises de son ambisoniques de Field-recording réalisées avec un micro AMBEO VR Mic (Sennheiser) prêté par l’Ircam. Pendant toute la durée de leur résidence, elles ont également capté des sons de Marseille, mais aussi au LMA, pour un projet de composition au format HOA3D.

À l’issue des 10 jours de résidence dans le studio, Léonore et Amélie ont réalisé une courte pièce de démonstration pour présenter quelques techniques de composition immersive offertes par le couple de logiciels : Sound Trajectory et Spat Revolution. Cette composition alimentera le contenu pédagogique des futures formations professionnelles dédiées à la création de composition en audio 3D, proposées sur la plateforme MAS du LMA.

Sound Trajectory est un outil d’écriture dédié à la spatialisation sonore. Il présente une interface 3D permettant de dessiner simplement des trajectoires pour mixer des sources sonores. Il propose tout un panel d’approches innovantes et singulières pour penser, jouer et composer le son dans l’espace. Le sampler joue des sons sur les trajectoires, le mixer y déploie ses sources et un espace modulaire permet de designer des interactions dynamiques en fonction des paramètres du son, mais aussi de notes et messages midi et osc.

Spat Revolution, développé par la société Flux et l’Ircam, est un outil offrant une grande variété de techniques et processeurs de mixage adaptés à de nombreux contextes. Il est issu du Spat de L’Ircam, un outil de référence pour le son immersif depuis plus de 20 ans.

Cette première expérience a reposé sur un dispositif préliminaire qui laissera place, début 2020, à une version étendue suite à un réaménagement prochain du studio. Il offrira une répartition des enceintes homogènes avec une correction acoustique de la salle optimisée pour les caractéristiques du dispositif de diffusion.

Ce studio accueillera au premier trimestre 2020 les stagiaires des formations à l’écriture sonore en 3D, un programme de découverte, affranchi des limites du mixage stéréo, ouvert sur la création de nouveaux espaces immersifs.

Léonore Mercier est plasticienne, réalisatrice et compositrice, son approche est transversale entre ces différents médiums.

La relation alchimique qui s’opère lorsque les médias s’interpénètrent est pour elle source d’inspiration. Les mondes plastiques, sonores et visuels se mélangent, se confrontent, s’harmonisent. La pratique du piano classique, de l’électro-acoustique, du jazz, de la radiophonie, et ses prises de sons naturels et bruitistes alimentent ses compositions musicales et sonores mêlant l’imaginaire, la fiction, le documentaire. Elle élabore des univers cinématographiques où le son nous fait voyager dans nos propres images mentales. Elle conçoit des expériences d’écoute sous forme de sculptures tactiles, des installations interactives, des performances, des vidéos qui invitent à l’introspection par les sens. Dans son installation « Damassama », amphithéâtre de bols tibétains, elle réserve au visiteur la place de chef d’orchestre, initiateur par sa gestuelle de réactions instrumentales.

L’importance de la place du spectateur est aussi en jeu dans son installation le Synesthésium. Le Synesthésium est un dôme de six mètres de haut, d’armatures métalliques sur lesquelles sont accrochées 24 enceintes qui permettent une immersion 3D sonore. Les sons sont spatialisés en direct par l’utilisation de capteurs. Le public est ainsi plongé dans un espace sonore mouvant.

Site internet : www.leonoremercier.com

Amélie Nilles est une compositrice de musiques électroniques résidant à Paris. Influencée par la musique électroacoustique et le jazz, qu’elle a étudiés au conservatoire, elle mêle sa voix aux sons qu’elle capte dans l’environnement (field recording), afin de créer un tout organique. L’espace tient une place aussi importante dans sa musique que le matériau sonore.

Elle est diplômée en Musicologie de l’Université Paris VIII au niveau Master 2. Ses recherches, effectuées sous la direction d’Anne Sèdes (CICM), ont porté sur la notion d’espace dans les musiques électroniques, et ont concerné en particulier les aspects compositionnels et perceptifs, ainsi que la notion d’immersion et l’expérience du corps de l’auditeur. Elle continue à expérimenter diverses techniques de restitution du champ sonore, telles que l’Ambisonie (notamment via la bibliothèque HOA développée par le CICM), la Wave Field Synthesis (de Sonic Emotion) et le binaural. Elle collabore également avec différents artistes de musique électronique tels que Molécule. Elle propose une approche qui place la dimension espace de la musique au coeur de composition.

Pour consulter ses thèses de Master sur la spatialisation des musiques électroniques : https://univ-paris8.academia.edu/AmelieNilles

Soundcloud : https://soundcloud.com/amelie-nilles